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2e partie : Texte du Podcast 11 : Les explosions de l'après-guerre

Dernière mise à jour : 28 mars 2022

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Bienvenue au podcast épisode 11 de Planet Republyk!


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Planet Republyk est une proposition. Un plan, en fait, afin de faire plus efficacement face aux menaces globales à la pérennité de l’humanité et des écosystèmes par l’instauration, par un chemin inédit, d’un parlement mondial réellement supranational à représentation directe en dehors du schème dysfonctionnel habituel des luttes de pouvoir entre nations.


Par l’instauration, donc, d’une cosmocratie, où, selon l’idéal démocratique universaliste, chaque citoyen de la planète équivaudrait à une voix.


Planet Republyk est une ONG à but non lucratif dont la mission est la promotion de l’instauration d’un parlement mondial juste, équitable, égalitariste, légitime et souverain afin de veiller à la gestion des enjeux qui touchent l’ensemble de l’humanité et de la biosphère.


Voici donc en une vingtaine de podcasts le plaidoyer sur la nécessité de cette cosmocratie et une méthode pour l’instauration de cette première république du genre humain.

Les 3 prochains épisodes traitent de l'histoire du mouvement planétariste.

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Vous gagnez en force, courage et confiance à chaque fois que vous prenez le temps de regarder la peur dans les yeux. Faites ce que vous pensez ne pas pouvoir faire.


Eleanor Roosevelt



Histoire du mouvement planétariste, Partie 6 : Les explosions de l'après-guerre


J’ai été fort surpris, lors de mes recherches, de constater à quel point les voix défendant l’idée d’un gouvernement mondial ont pu être nombreuses et fortes, au milieu du siècle dernier, pendant le quinquennat qui a suivi la création de l’ONU; et que ces faits, même pour ceux qui s’intéressent à l’histoire universelle, sont relativement peu connus.


Parce que cette histoire est aussi la nôtre.

Parce qu’elle est méconnue.

Parce qu’elle devrait pourtant être enseignée dans nos écoles au même titre que l’histoire nationale.


En 1946, à l’âge de 66 ans, le médecin, biologiste, chercheur et enseignant écossais Lord John Boyd Orr of Brechin ( John Boyd Orr), un autre personnage remarquable de Westminster, occupe tout à la fois les fonctions de premier directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de recteur de l’université de Glasgow et de pair du parlement du Royaume-Uni.


Au début des années cinquante, il tient simultanément la présidence de l’Association mondiale des parlementaires pour un gouvernement mondial et de l'Union mondiale des organisations pour la paix. Il devient, tout comme Henri Usborne, une figure emblématique du mouvement planetariste et pacifiste.


En 1936, son rapport Alimentation, santé et revenu sur la sous-alimentation des Britanniques avait fait grand bruit. Persuadé que la faim est la pire menace à la paix universelle, il œuvre pendant la guerre, à convaincre Roosevelt et Churchill, qu’ils doivent s’attaquer à la faim dans le monde s’ils sont sincères dans leur volonté d’instaurer une paix durable après le conflit. Et il réussit.


L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), tout premier organisme spécialisé des Nations unies, voit le jour en octobre 1945 à Québec, au Canada. Son objectif principal, tel qu’en témoigne sa devise Fiat panis (du pain pour tous), est de contribuer à construire un monde libéré de la faim. Cette mission spécifique sera toutefois sous-traitée au Programme alimentaire mondial lors de sa création en 1963. Nonobstant le fait que cela aura pris pas moins de sept décennies, grâce à ces organisations internationales, la faim aura été complètement éradiquée de la surface du globe...


Pour être juste, il faut bien reconnaître une certaine amélioration de la situation. Le FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) avaient réussi lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996 à convaincre la communauté internationale de s’engager à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde avant 2015.


En 2000, à New York, lors du Sommet du Millénaire au siège des Nations unies, la communauté internationale réaffirme sa détermination à atteindre cet objectif.

Pourtant, à l’heure de la reddition de comptes, lors de la publication de l’édition 2015 du rapport sur l’État de l’insécurité alimentaire dans le monde[i], le FAO révélait que 11 % de la population mondiale souffrait toujours de sous-alimentation.


En chiffre absolu, c’est tout de même 216 millions de personnes de moins qu’au début des années 1990 et ce malgré un ajout de 2 milliards de personnes à la population mondiale sur la même période. N'empêche que le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a seulement été réduit de 21 % entre 1990 et 2015. Une amélioration évidente, néanmoins de moins de la moitié de l’objectif que s’était fixé la communauté internationale, en 1996, à Rome.


Afin de ne pas risquer un ralentissement de la cadence à compter de 2015, le FAO inspiré par le succès du programme Fome Zero lancé au Brésil en 2003 préparait, dès 2009, la suite[ii]. En 2015, le Défi “Faim Zéro” est adopté à l’unanimité par l’assemblée générale de l’ONU comme objectif de développement durable. Il vise l’élimination complète de l’insécurité alimentaire mondiale à l’horizon de 2030.

À la lumière des seules données susmentionnées, on peut déjà se permettre de douter de l’atteinte de ce nouvel objectif. D’autant plus que depuis 2015, la faim est de nouveau en hausse dans le monde[iii]. Les changements climatiques jouent déjà pour beaucoup dans cette régression (nous y reviendrons plus loin) et leurs effets sont appelés à s’amplifier au cours des prochaines décennies. Nous ne connaissons pas, non plus, l’ampleur des séquelles de la Sars-Covid-2 sur l’économie mondiale à moyen voire long terme.


En septembre 2021, le FAO faisait connaître ses prévisions révisées[iv], compte tenu de la Covid, quant à l’atteinte des objectifs de “Faim Zéro” pour 2030. L’organisation estimait que dû à la pandémie le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde avait grimpé à 768 millions de personnes en 2020. Dans le meilleur des scénarios, en 2030 ce nombre serait redescendu à celui de 2015; année de lancement du Défi “Faim Zéro”...



La démocratie est une invention humaine qui à l’échelle historique est très jeune. Son potentiel n’a pas encore été totalement compris ou exploité.


Garry Davies


L’avenir n’est guère plus réjouissant quant à l’accès à l’eau potable dans le monde alors que là aussi certains gains avaient été faits au cours des dernières décennies. En 2019, la publication conjointe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) intitulée Progrès en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène des ménages 2000-2017 dévoile que le pourcentage de la population mondiale n’ayant pas accès à l’eau potable a glissé de 19 % à 11 % au cours de ces 17 années[v].


Succès peut-être moins éclatant que l’on veut bien nous le faire croire quand on constate que pour l’OMS/UNICEF, les besoins de base sont satisfaits lorsqu’une communauté dispose d’une source d’eau potable protégée à moins de trente minutes de marche de son domicile[vi]. Est-ce que les citoyens des pays développés accepteraient cette définition sur leur propre territoire? Si on répond non à cette question; on doit retrancher 1,3 milliard de personnes, soit 17 % de la population mondiale, de ces statistiques[vii].


Les progrès réels quels qu’ils soient seront, de toute façon, annihilés au cours des prochaines décennies alors que la crise de l’eau, principale menace à la paix et la sécurité dans le monde s’aggravera[viii]. Un outil pour prévoir les conflits liés au manque d'eau potable a même été créé par des chercheurs de six organisations internationales[ix].


Déjà en 2019, l’ONU évaluait que 25 % de la population mondiale, vivant dans 17 pays, était en situation de pénurie hydrique grave, proche du «jour zéro» quand plus aucune eau ne sort du robinet, à cela s’ajoutaient 44 autres États faisant face à un stress hydrique élevé[x]. À l'horizon de 2025, l’Organisation mondiale de la santé estime que 50 % de la population mondiale vivra dans des régions soumises au stress hydrique[xi].


Si la communauté mondiale n’arrive pas à performer sur des enjeux sociaux, économiques et sanitaires aussi primordiaux que l’éradication de la faim et l’accès à l’eau potable; il y a tout lieu de remettre en question son efficacité en ce qui a trait à tous les autres enjeux.

Que penserait Lord Boyd Orr de ce bilan sept décennies plus tard?


En 1948, toujours à la tête du FAO, mais décourager par la poussive volonté des gouvernements britanniques et américains de respecter leurs couteux engagements de convertir l’infrastructure militaro-industrielle de la guerre en infrastructure agroalimentaire; désormais convaincu que la paix et l’amélioration du sort de l’humanité ne passeront pas par la faible ONU, il démissionne et milite, dès lors, et ce pour le reste de sa vie pour l’instauration d’une réelle gouvernance mondiale.


Il publie la même année Nourriture : la source de l’unité mondiale et reçoit, en 1949, le prix Nobel de la paix. Il est considéré comme un des pères du mouvement de la citoyenneté mondiale.


Nous savons aujourd’hui qu’il n’y a plus d’îles et que les frontières sont vaines.


Albert Camus


Le plus habile plaideur de la nécessité d’un gouvernement mondial fut possiblement, à cette époque, l’américain Cord Meyer Jr.. Vétéran blessé sur l’île de Guam, pendant la Deuxième Guerre mondiale, il revient du front, où il a aussi perdu son frère jumeau, absolument convaincu que l’arme atomique détruira l’humanité si celle-ci ne met pas en place un gouvernement mondial afin d’assurer la paix.


À 27 ans, il devient une figure de proue du mouvement fédéraliste américain en prononçant des discours enflammés sur les campus. Il est nommé président de la United World Federalists (UWF). Son livre, Paix ou anarchie, œuvre phare du mouvement mondialiste, se vend à 50 000 exemplaires aux États-Unis. Son éloquence contribue à l’adhésion de nombre des quelque 47 000 membres que compte l’organisation en 1949.

La UWF est prise au sérieux; nombre de notables militent dans le mouvement dont un ancien juge de la Cour suprême et un ancien gouverneur du New Hampshire. Ils parviennent à convaincre 17 États de passer une résolution enjoignant l’ONU d’entamer le processus de révision de sa constitution afin d’enclencher la création d’un parlement mondial. L'État du Tennessee adopte même, en 1949, une loi organisant des élections officielles à l'Assemblée constituante des Peuples. Lors du premier suffrage de 1950, trois députés y sont élus. Cette loi électorale sera déclarée illégale en 1952 par une Cour de justice américaine[xii].

En 1947, constatant l’engouement croissant pour l’idée d’un gouvernement mondial, une quinzaine d’intellectuels réunis autour du recteur de l’Université de Chicago, Robert Hutchins, de l’écrivain italien Giuseppe Antonio Borgese et de Mortimer J. Adler, décident de s’atteler à la tâche de rédiger une ébauche préliminaire de Constitution qu’ils intitulent Le Plan Chicago[xiii].


En août 1947, en Suisse, est fondé le Mouvement Universel pour une Confédération mondiale (MUCM). Il regroupe les 250 000 membres de 39 associations fédéralistes d’une trentaine de pays dans le monde, dont ceux de la United World Federalists dont nous venons de parler. Depuis 1987 l’organisation a pris le nom de Mouvement des fédéralistes mondiaux (MFM). En 2019 s’est tenu son 27e congrès.


L'ambition du Mouvement des fédéralistes mondiaux est "d'investir les institutions internationales d'une autorité politique démocratique, pour s'occuper de problèmes qui ne peuvent être traités qu'au niveau mondial, tout en reconnaissant la souveraineté des États dans certains domaines de leur politique intérieure". Le mouvement milite pour : le renforcement et la démocratisation de l'O.N.U.; une régulation politique de l'économie au plan mondial et la constitution de grandes "fédérations régionales", étape intermédiaire, nécessaire selon eux, vers une fédération mondiale.


En 1948, à Cologne, l’actrice allemande Giesela Schulster se réclamant du titre de ‘’première citoyenne du monde’’ fonde l’Union des citoyens du monde. Elle reçoit des milliers de demandes d’adhésion.


C'est tout pour l'épisode 11.


Merci à Magali Rolland d'avoir prêté sa voix aux citations.


Le thème musical du podcast est la pièce ‘’Who would have tought’’ de l’artiste Crowander. Elle est une courtoisie libre de droit disponible ici sur Free Music Archive.


Vous trouverez sur la section ''Blogue'' de Planet Republyk.org/blog, tel qu'écrit sur le logo du podcast, le texte du Podcast et ses références ainsi que d'autres textes.


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Surtout à ceux qui vous sembleraient intéressés par un tel sujet!


Merci de votre écoute et au plaisir de vous retrouver pour l'épisode 12 !


[i] Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, « L’État de l’insécurité alimentaire dans le monde. Objectifs internationaux 2015 de réduction de la faim: des progrès inégaux », Rome, 2015, p.8. http://www.fao.org/3/a-i4646f.pdf [ii]Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, « FAO, de Fome Zero à #Faim Zéro », Communiqué de presse. http://www.fao.org/director-general/former-dg/da-silva/from-fomezero-to-zerohunger/en/

[iii] Mathilde Gérard, « Pour la troisième année d’affilée, la faim progresse dans le monde », Le Monde, 15 juillet 2019.


[iv] Figure 10, FAO, FIDA, UNICEF, PAM et OMS « Résumé de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2021. Transformer les systèmes alimentaires pour que la sécurité alimentaire, une meilleure nutrition et une alimentation saine et abordable soient une réalité pour tous», Rome, 2021.

[v] Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Organisation mondiale de la Santé (OMS), « Progrès en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène des ménages 2000-2017. Gros plan sur les inégalités. » New York, 2019. file:///C:/Users/Utilisateur/Downloads/jmp-2019-wash-households-fr.pdf [vi]Ibid. [vii]Ibid. [viii] Nations Unies, Couverture des réunions, Conseil de sécurité, « Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de faire de l’eau un domaine de coopération internationale plutôt qu’un « vecteur de conflits » », séance 7818E, 22 novembre 2016.

[ix] The Water, Peace and Security (WPS) partnership, CONFLICT FORECAST OCTOBER 2019 - SEPTEMBER 2020, https://www.waterpeacesecurity.org/map [x] World resources Institute, Rutger Willem Hofste, Paul Reig and Leah Schleifer, «17 Countries, Home to One-Quarter of the World's Population, Face Extremely High Water Stress », August 06, 2019.https://www.wri.org/blog/2019/08/17-countries-home-one-quarter-world-population-face-extremely-high-water-stress

[xi] Organisation mondiale de la Santé, « Eau, Principaux faits », Centre des médias, 14 juin 2019.

[xii] Site du Registre des citoyens du monde, Études Mondialistes, Chronologie du mondialisme et de la citoyenneté mondiale : 1949 : http://www.recim.org/stud/krono-fr.htm

[xiii] John K. Jessup, « World Constitution », Life, 21 juin 1948, vol. 24 no. 25, pp. 49-55.

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