Comment cocher ‘’Sauver le Monde’’ sur sa ‘’bucket list’’?
Bienvenue au podcast épisode 20 de Planet Republyk!
Ceci est le septième de 10 épisodes de la troisième et dernière partie du projet Planet Republyk.
Si vous ne deviez en lire ou écouter qu'une seule partie; ce serait celle-ci.
La portion de l'argumentaire, le ''Pourquoi'', de la troisième partie étant terminée; nous en sommes maintenant à présenter le ''Comment'' ainsi que la méthode du projet Planet Republyk.
Les présents épisodes sont les plus importants de la série.
Épisode 20 : Être tous fiers à nouveau
Je suis une inconditionnelle du mot espoir. Je ne crois ni en la fatalité ni en une histoire écrite d’avance. Si l’on est ouvert à l’autre, si l’on aime la vie, elle finit toujours par vous répondre et par se refléter en vous.
Andrée Chedid
Maintenant, que fait-on pour franchir le pas vers l’Imagine de John Lennon?
Pour en arriver à cette République universelle du genre humain? À cette cosmocratie?
C’est bien sûr un projet qui s’inscrit dans la durée. Mais le moment ne serait-il pas venu de participer à quelque chose dont on pourrait ne pas goûter les fruits de notre vivant?
Un projet pluriséculaire comme le furent la muraille de Chine, les grandes cathédrales européennes ou les pyramides en Égypte pour d’autres générations, en d’autres époques?
Imaginez! Faire partie de la génération qui aura initié le mouvement devant mener, à terme, à l'instauration de la République universelle du genre humain! Personnellement, je rêve qu’un jour mon arrière-petite-fille puisse dire fièrement :
« Mon ancêtre était de ceux qui ont contribué à instaurer le parlement mondial! »
Mais nos sociétés, nous, désormais esclaves de l’individualisme, de l’instantanéité, de la quête du plaisir, de l’eudémonisme même, détenons-nous encore, par atavisme, la capacité à nous engager dans des projets faisant si peu de cas du rayonnement de l’ego?
Nous sommes nombreux à vouloir y croire. À vouloir croire que le besoin viscéral d’une quête de l’au-delà de soi est inscrit en notre patrimoine génétique commun.
Alors, si ce projet vous interpelle, que faire?
Nous devons d’abord en parler autour de nous avec constance et courage; diffuser l’idée dans nos réseaux réels et virtuels. Faire des vidéos, écrire des textes, organiser des rencontres et bientôt, peut-être, nous devrons fonder des partis politiques nationaux au sein de nos démocraties. L’article premier de leur constitution, leur mandat premier, sera la promotion d’une République mondiale au suffrage universel. Éventuellement, ces partis politiques feront élire des députés. Nous aurons alors des alliés au sein même des parlements nationaux.
Cela fera du bien d’avoir à nouveau des partis politiques qui portent autre chose qu’un projet technocratique de gestion comptable; des partis qui portent un rêve. Il me semble que le citoyen, la jeunesse en particulier, a désespérément besoin de se rêver un avenir. Des partis de ce type devront émerger dans toutes les démocraties du monde. Ils travailleront de concert.
Nous devrons amasser des fonds afin d’ouvrir des bureaux et engager des employés qui se consacreront à temps plein à la promotion de ce projet dans toutes les grandes cités du globe.
Un échéancier devra être fixé pour différents considérants, dont celui de la motivation des troupes. L’année 2045, centième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies apparaît cohérent comme objectif de mise en place d’une structure permanente de parlement mondial. Cet avènement constituerait l’an 0 du calendrier de la nouvelle ère. La date, quant à elle, pourrait très bien être la journée d'équinoxe du mois de mars qui en 2007 a été décrétée "Journée des Citoyens du Monde et Journée de l'Unité mondiale" par le Congrès des Peuples.
Nous devrons viser des élections, à date fixe, préférablement tous les neuf ans.
Pourquoi?
À terme, des milliards de personnes devront voter : un exercice complexe et coûteux. Un mandat parlementaire et présidentiel de neuf ans, non renouvelable, aérerait l’exercice du pouvoir. La moitié des membres du parlement serait élue tous les 54 mois. Les citoyens pourraient aussi lors de ces législatives entériner ou abroger par référendum les mesures et législations adoptées par la chambre si une demande en ce sens recevait l’assentiment d’un nombre minimal, à déterminer, de citoyens mondiaux.
Dans un même ordre d'idées, les citoyens mondiaux devraient disposer d'un mécanisme constitutionnel de limogeage par référendum, à tout moment au cours de son mandat, du représentant de leur zone s'ils en sont insatisfaits. L'ensemble des citoyens de la planète devrait pouvoir faire de même pour ses ministres et son président. À titre d'exemple, ce processus pourrait être automatiquement amorcé si 1% des électeurs du district ( ou du globe pour les présidents et ministres) signent une pétition officielle en ce sens.
La députation parlementaire devrait comporter un nombre égal de femmes et d’hommes en tout temps. Une façon d’y arriver serait d’alterner obligatoirement dans chaque district le genre des candidats. Lors de la première élection mondiale, du nord au sud, les districts de la planète alterneraient les candidats féminins et masculins. À l’élection suivante les candidatures seraient du genre opposé. L’alternance du genre devrait être inscrite dans la constitution pour la présidence également.
Le premier scrutin pourrait se tenir en 2027, le 24 octobre (date anniversaire de l'entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies). Au début, la représentation ne sera bien sûr que symbolique, toutefois, compte tenu de la progression lente, néanmoins indéniable, de la démocratie dans le monde, viendra un moment où plus de 50 % des populations des zones parallèles pourront voter selon des normes s'inspirant de celles de la division électorale de l’ONU. On pourra alors parler, de plus en plus, d’une représentation légitime.
Car, contrairement à l’idée généralement reçue, et malgré quelques reculs (mentionnés dans l’épisode 17) au cours de la dernière décennie, et à fortiori depuis le début de la pandémie, la démocratie progresse dans le monde avec constance[i]. De manière qualitative et quantitative. Selon les recherches de l’équipe de Max Roser de l’Université d’Oxford, la démocratie a fait un bond prodigieux au cours des deux derniers siècles. Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des démocraties dignes de ce nom. Plus de la moitié des États sont maintenant des démocraties et la qualité moyenne de ces démocraties est, elle aussi, en progression.
L'important n'est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir.
Bernard Werber
Donc, oui, d'une perspective historique, la démocratie progresse; il n'en demeure pas moins, qu'en ce moment, elle file un mauvais coton ... si j’ai abordé, plus tôt, le sujet de la déprime qui grève une partie de la militance actuelle, je n’ai pas posé encore la question de la colère sourde qui en émane. Elle déborde maintenant, chez de plus en plus de citoyens, de diverses strates sociales, comme en témoignent les bouleversements récents des habitudes de vote résultant du rejet massif des partis politiques traditionnels des démocraties du monde contemporain. Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz explique la situation ainsi :
« Depuis les années 1970, le néo-libéralisme a choisi de creuser les inégalités sociales en augmentant sans limites la rente aux grands actionnaires richissimes, usurpant ainsi toute la richesse produite. Et les gouvernements sont coincés entre ces richissimes et le peuple. La démocratie ne fonctionne plus et ne joue plus son rôle[ii]. »
Une littérature et un discours séditieux, dans le virtuel comme dans le réel, appelant de plus en plus ouvertement à la résistance, à la désobéissance civile, voire à la révolution, grandissent.
Méprisées, il y a seulement quelques années, des voix radicales décomplexées, de plus en plus fortes, à l’extrême de la gauche comme de la droite, semblent se frayer un chemin dans l’espace public un peu partout sur la planète.
Elles trouvent un terreau particulièrement favorable chez la jeunesse du monde dont la colère liée à l’impression de s’être fait voler son avenir par les générations précédentes est forte.
Le Deloitte Global Millennial Survey dont nous avons parlé plus tôt révélait, dans son rapport annuel sur la jeunesse du monde[iii] de 2019, que, depuis quelques années, une tendance lourde semble s’instaurer : la perte de confiance généralisée de la jeunesse envers ses systèmes politiques nationaux. Elle atteignait 73% en 2018.
La firme constate que les paradigmes politiques actuels semblent désuets aux jeunes face aux défis du monde contemporain. En 2018, seulement 22 % des jeunes sondés escomptaient une amélioration de la situation dans leur pays respectif. Une baisse de 33 % par rapport à l’année précédente. 75 % de ceux-ci estimaient que les leaders politiques actuels ont un impact négatif sur la marche du monde. Cette tendance se manifestait autant dans les marchés matures (baisse de 11 points) que dans les marchés émergents (baisse de 9 points).
Et ce sondage, rappelons-le, était réalisé avant que le Covid-19 ne frappe...
Face à l’inaction politique, même des scientifiques sortent de leur proverbiale réserve comme en témoigne un appel[iv], en février 2020, de plus de 1000 sommités scientifiques, de différents horizons, à la désobéissance civile voire à la rébellion.
Que des œuvres, autrefois de l’ombre, telle : Comment la non-violence protège l'État : Essai sur l'inefficacité des mouvements sociaux, de Peter Gelderloos, soient traduites en de nombreuses langues et écoulées en centaines de milliers de copies témoigne de l’air du temps. Si les nombreux appels à la révolution finissent par trouver écho, des basculements majeurs de nos sociétés sont à prévoir.
En appui à ces scénarios et s'ajoutant aux voix des scientifiques en environnement, la NASA[v], différents corps d’armée du globe[vi][vii]ainsi que des organisations telles la Banque Mondiale[viii], le Breakthrough National Centre for Climate Restoration[ix] ou la CIA[x] aboutissent au constat que notre échec collectif à régler adéquatement les crises financières, environnementales, géopolitiques, des ressources et de l’accroissement des inégalités sociales à l’échelle planétaire entraînera, à terme, un effondrement social, économique, écologique voire civilisationnel.
Seulement aux États-Unis, le rapport[xi] Implications of Climate Change for the U.S. Army résultant d’une collaboration entre la Defense Intelligence Agency (DIA), la NASA, les armées de l’air, de terre et de mer américaines, l’US War College ainsi que le Center for Climate and Security (CFCS) prévoit que la population américaine pourrait être confrontée, à l’horizon 2040-2050, à des pannes d’électricité de longue durée, à des épidémies, au manque d’eau potable, à la famine et à la guerre civile.
Voilà! C'est tout pour l'épisode 20!
Merci à Magali Rolland d'avoir prêté sa voix aux citations.
Le thème musical du podcast est la pièce ‘’Who would have tought’’ de l’artiste Crowander. Elle est une courtoisie libre de droit disponible ici sur Free Music Archive.
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Surtout à ceux qui vous sembleraient intéressés par un tel sujet!
Merci de votre écoute et au plaisir de vous retrouver pour l'épisode 21 !
[i] Recherches de l’équipe de Max Roser, économiste de l’Institute of New Economic Thinking du Oxford Martin School de l’Université d’Oxford publiées sur le site de Our World in Data. https://ourworldindata.org/democracy [ii] Joseph E. Stiglitz, Peuple, pouvoir et profits, le capitalisme à l'heure de l'exaspération sociale, Paris, LLL Les Liens qui Libèrent, p.105. [iii]The Deloitte Global Millennial Survey 2019, loc.cit., p.8-10. https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/global/Documents/About-Deloitte/deloitte-2019-millennial-survey.pdf [iv] Collectif, « Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire », Le Monde, 20 février 2020.
[v]Nafeez Ahmed, « Nasa-funded study: industrial civilisation headed for 'irreversible collapse'? », The Guardian, March, 14, 2014.
[vi] Nicolas Mazzucchi, Thierry Berthier, « Défense et changement climatique : quel modèle pour les armées de demain ? », The Conversation, 15 décembre 2019. [vii] Shirley V. Scott, Shahedul Khan, « Les implications du changement climatique sur les armées, les missions de maintien de la paix et la prévention des conflits », Air and Space Power Journal, Afrique & Francophonie, 3e trimestre 2016. [viii] Banque Mondiale, « Rapport 2010 sur le développement dans le monde, Développement et changement climatique » Washington, 2010, p.42.
[ix] Nafeez Ahmed, « Un nouveau rapport indique qu’il est hautement probable que la civilisation humaine s’effondre en 2050 », Vice, 4 juin 2019.
[x] Aude Massiot, Estelle Pattée, « Comment la CIA voit-elle le monde en 2035 ? », Libération, 27 janvier 2017.
[xi] Max Brosig, Parker Frawley et al. « Implications of Climate Change for the U.S. Army », United States Army War College, Washington, 2019.
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